Résumé : | Les calcaires lutétiens du Bassin parisien sont peu karstifiés comparés aux autres formations calcaires de l’est de la France. L’absence d’exokarst et de comportement hydrodynamique karstique des émergences, ainsi que les rares réseaux endokarstiques connus militent en faveur d’un aquifère reconnu comme fissural, perché et à faible énergie (drainance vers les sables sous-jacents) et peu capacitif.
Cela peut s’expliquer par la présence d’une couverture géologique marno-calcaire (Marnes et caillasses du Lutétien supérieur) peu favorable au ruissellement, fournissant des eaux peu agressives, et les dynamiques géomorphologiques de détente liée à l’incision des vallées (cambrure de versant, extension latérale). Pourtant, de nombreuses carrières souterraines du Soissonnais (« creutes ») recoupent un paléokarst représenté par des conduits calés sur fractures et caractérisés par un remplissage argilo-sableux remarquablement rythmé rappelant les varves glaciaires couples de lamines de 1,9 mm d’épaisseur moyenne).
L’étude sédimentologique (morphoscopie des quartz, granulométrie, calcimétrie, colorimétrie, matière organique) et une datation de ces rythmites (14C) dans une creute du Soissonnais à Acy (Aisne) montrent que ces remplissages s’inscrivent dans des conditions hydrodynamiques très calmes en régime noyé à épinoyé, et sont issus du démantèlement fluviatile de la couverture sableuse du Bartonien et des loess lors du dernier maximum glaciaire (stade isotopique 2). Ces observations témoignent d’écoulements karstiques en zone active, perchés au-dessus du permafrost régressif dans les vallées, et qui exploite d’abord la fantômisation initiale bien plus ancienne et ensuite une karstification préalable.
Elles permettent de proposer de nouvelles hypothèses morphogénétiques sur la karstification des bas plateaux de l’est du Bassin parisien généralement associée à l’incision des vallées et au recul de couverture. |