Résumé :
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La spéléologie reste un « sport » de nature méconnu du public. Elle est très peu étudiée d'un point sociologique. Deux études importantes lui ont été consacrées, celle publiée en 1993 par F. JOVIGNOT (aptitudes, motivations, et profils sociodémographiques), et l'approche historique de P.O. SCHUT (2005). Répondant à une demande opérationnelle des dirigeants de la FFS, préoccupés par la baisse régulière des effectifs, cette étude montre la place originale de la spéléologie dans le monde institutionnel sportif. Sur le plan méthodologique, elle s’appuie sur différentes sources (fichier des licenciés, enquête par questionnaire, analyse documentaire, et entretiens) Cette étude a permis d'identifier des pratiques, des types de sociabilité et des logiques d'acteurs spécifiques. La spéléologie s'est développée sous l'effet d'un processus de différentiation et de spécialisation tendant à sa sportivisation, mais n'est pas un sport « orthodoxe ». Ses dirigeants ont toujours été dans une position ambigüe vis-à-vis des autorités sportives comme des adhérents, contraints de faire appliquer une politique sportive dans laquelle tous ne se reconnaissent pas, et soucieux de préserver leur légitimité auprès des pratiquants. Un phénomène de resocialisation de type « communautaire » du néophyte s'observe, il conduit à gommer sensiblement l'impact des différences socioculturelles originelles sur les comportements et représentations ultérieures. La construction d'un spéléologue peut-être comparée de façon idéale-typique à un modèle de socialisation de l'individu par l'expérience. Les modes de recrutement et de fonctionnement identifiés montrent que les clubs de spéléologie s'apparentent plus à des collectifs, des équipages qui développent leurs valeurs et habitudes propres qu'à des clubs sportifs au sens institutionnel du terme. Au-delà de l'appartenance à la fédération, encartés ou non partagent pourtant des valeurs et revendications communes (partage et entraide, respect de l'environnement, désir de libre accès aux cavités…). Le canyonisme semble avoir obtenu sa légitimité au sein de la FFS, mais son appartenance à un univers symbolique différent ne facilite pas l'intégration de ses pratiquants
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